Cérès de 1849

© Guy Maggay 1997-2007

Le motif du premier timbre de France se devait de symboliser la République. Un concours fut lancé et le projet du graveur général des Monnaies Jean Jacques Barre fut adopté. Il représente une allégorie de la liberté, personnifiée sous les traits d'une tête de femme couronnée de feuilles d'olivier, de vigne  et d'épis de blé. La déesse de l'abondance, d'ou son nom : Cérès. La matrice réalisé par J.J. Barre doit servir à réaliser tous les timbres au type Cérès. A cet effet, deux trous rectangulaires permettent de recevoir les goujons portant la valeur.

La matrice est donnée à Anatole Hulot. Celui-ci s'était fait remarqué par la rapidité avec laquelle il avait réalisé pour la Banque de France un billet de 100 francs dont l'émission était urgente. Hulot maîtrise également le procédé de la galvanoplastie et surtout il est moins cher que son concurrent. Il se contente de 1fr.50 pour mille timbres alors que l'ingénieur anglais Perkins qui a fabriqué le premier timbre anglais, demande 1 franc par feuille de 240 timbres.

Jean Jacques Barre

Anatole Hulot

Afin d'accélérer la fabrication, Anatole Hulot propose d'utiliser le système de reproduction des clichés par galvanoplastie. A partir d'un modèle on créer plusieurs dizaines de clichés identiques. Les clichés sont rassemblés et forment une planche. On imprime ainsi plusieurs centaines de timbres (jusqu'à 300) à chaque passage dans la presse. Pour aller encore plus vite, on décide d'imprimer le premier timbre, le 20c en noir au lieu du bleu initialement prévu. En effet, cette couleur ne pose aucun problème de fabrication, d'où un gain de temps important et une économie substantielle d'argent.

L'impression est confiée à l'imprimeur Tacquin et s'effectue au rez-de-chaussée de l'Hôtel des Monnaies à Paris. L'imprimeur utilise des presses à bras. Une presse permet de produire 65400 timbres de couleur noire par jour mais seulement 51600 timbres dans une autre couleur. Chaque jour 1.200.000 figurines sont imprimées. Le premier janvier 1849, à la date prévue, le 20 centimes noir est disponible dans les bureaux de poste.

Liste des valeurs


Yvert
et
Cérès

Scott
Faciale

Couleur

Reproduction

Date

Tirage

Cote
Neuf Oblitéré
1 1

10c

bistre-jaune

Émission
12/9/1850
Retrait
3/12/1852

17.097.900 1600 320

675

2 2

15c

vert

Le 15c vert n'a jamais été vendu en province car il ne correspondait à aucun tarif. Il a put être utilisé exceptionnellement comme valeur d'appoint.

Émission
29/7/1850
Retrait
1/7/1853

3.315.600

21500 1100

1850

3 3 20c

noir sur jaune

Émission
1/1/1849
Retrait
1/7/1850

41.698.800 390 50

80

4 6 25c

bleu

Émission
1/7/1850
Retrait
12/8/1852

45.218.100 7000 30

60

5 7 40c

orange

Émission
3/2/1850
Retrait
8/9/1853

4.192.200

4000 550

750

6 8 1f

carmin foncé

Le 1fr carmin foncé est postérieur au 1fr vermillon qu'il remplace. En effet la couleur du 1fr vermillon avait été jugée trop proche de celle du 40c orange. Pour éviter des confusions, l'administration postale décide de le remplacer par le 1fr carmin foncé (voir circulaire de retrait)

Émission
1/12/1849
Retrait
17/8/1853

2.692.600

9500 900

1500

7 9 1f

vermillon

Émission
1/1/1849
Retrait
1/12/1849

300000

65000 18500

26000

8   20c

bleu
sur jaunâtre

Ce timbre devait remplacer le 20c noir en raison du peu de visibilité des oblitérations sur ce dernier. Le timbre avait déjà été préparé quand une augmentation fit passer le tarif de 20c à 25c. Le 20c ne fut jamais émis et fut remplacé par le 25c bleu.

Non émis
de 1849

?

3300

-

-

8A   25c sur 20c

bleu

Non émis ?

16000

-

-

 

En 1849, sur 158.268.000 lettres expédiées seules 23.740.000 ont été affranchies avec un timbre poste. En 1854, près de 40 % des lettres ne sont pas affranchies et une surtaxe est créée. En 1860, le pourcentage des lettres non affranchies tombe à 10 %.